Sépulture de mamie Jeannette

Ci dessous les textes lus lors de la sépulture.

Texte de Isabelle :
Ma petite Maman,
Tu n’étais pas une maman « classique », celle qui « tricotait sous le cerisier » image qui te faisait rigoler car cela ne te ressemblait pas .
Tu étais avant-gardiste en quelque sorte.
Tu étais celle prête à voyager,et, à l’époque le tourisme n’était guère développé surtout avec toute une smala à bord d’une 403. J’me souviens de ces moments partagés. Le voyage en moi était bien ancré.
Tu étais une des première femme du quartier à avoir le permis de conduire. Tu avais déjà inventé une forme de covoiturage bien avant l’heure : tu emmenais les femmes du quartier à bord de ta petite auto et aussi tu les emmenais voter !
Tu étais aussi celle à vouloir m’inscrire dans une école « mixte » à pédagogie Freinet. Ecole qui a marqué mes plus belles années et orientée mes choix professionnels.
Tu étais aussi celle qui aussi inventait , innovait et le nec plus ultra , fut la télévision sur pivot qui permettait de la regarder côté cuisine et côté salon . Une vraie révolution!
Cette énergie et cette créativité tu la partageais aussi avec ceux qui passaient : cousins, cousines, voisins, voisines. Tu nous faisais camper, visiter , bricoler, goûter tes petits plats . Merveilleux souvenirs d ‘enfance.
Tu étais aussi celle que l’on voyait sur le toit pour réparer quelques tuiles, par-ci par-là, malgré tes hanches de guinguois.
Et tu as même continué quelques petits travaux à la maison de retraite, pas toujours ceux prévus par l’équipe en place!
Même dans ta maladie tu n’étais pas « classique »! Tu as déjoué le Corps Médical, qui a cru, bien des fois, que tu rendais les armes mais c’était sans compter sur ton incroyable énergie à toi!
Et pourtant ce moment tant redouté est arrivé.
Tu m’as transmis de belles valeurs et beaucoup de bonheur.
Pour toi ma petite maman que j’aime

Texte de Marie Paule :
Ma chère maman
J’avais fini par te croire éternelle, tant tu avais le sens de la bataille et d’ardeur à vivre, coûte que coûte !
Du temps où tu étais en bonne santé, tu nous parlais de la mort, et tu ne la craignais pas, tu voulais nous préparer à cette idée je crois,, souvent, tu disais qu’il ne faut pas en avoir peur et qu’il faut bien mourir un jour ; ou bien, si nous te demandions un service pour lequel tu étais d’une redoutable efficacité, du genre « tu ne pourrais pas faire un ourlet à mon pantalon ? », en prenant le pantalon, tu répondais « mais comment ferez vous quand je ne serai plus là ? »
En 2006, nous étions allées nous promener en voiture, dans la plaine du côté des abeilles, et rentrions par la petite route qui arrive juste en face le crematorium ; tu étais déjà malade mais toujours très enthousiaste, et tu m’avais dit joyeusement « quand vous passerez par là et que je serai morte, je vous ferai coucou ! »
Pensez y, dorénavant quand vous passerez par là, en face le crématorium, que ma maman, que Jeanne Bonnin, vous fait un joyeux coucou.
Une autre fois, au téléphone, tu es triste des mauvaises nouvelles de ton frère Yves, qui est à l’hôpital ; mais tu ajoutes avec humour, que gégé et toi même, ça va, que vous allez vers la mort et que vous essayez d’aller très lentement !
Tout au long de ta maladie, tu as fait preuve de trouvailles de langages :
Ainsi un jour tu es allongée sur une couverture dans l’herbe sous le cerisier, à côté de moi et tu t’extasies «Comme on a de la chance de pouvoir dormir sous le dessous des arbres !»
Une autre fois, à propos d’un ami de la famille tu dis :
« j’ai toujours trouvé chez lui une chaleur d’offrir »,
Une année, au cours d’un voyage au Vietnam, j’ai acheté un joli texte calligraphié, choisi au hasard parmi de nombreux, et que je conserve précieusement,
En voici la traduction :
merci à ma mère de m’avoir donné l’amour de la vie
merci à la vie de m’avoir donné l’amour d’une mère.

Texte de Jacques :
Maman
Depuis 5 ans tu étais silencieuse
Toi qui aimais tant parler et communiquer…
Des enfants diraient “morte pour de faux”
Et là, tu es morte pour de vrai.
En emportant avec toi ce mystère :
Durant toutes ces années, qu’entendais tu, que voyais tu, que comprenais tu, de nos discussions lorsque nous te rendions visite, à Aiffres ?
Ce qui est certain, c’est que lorsque nous t’annoncions nos grands moments, joie ou peines, petites et grandes, ton regard si perdu d’ordinaire, s’agitait, et reprenait vie.
Tu n’étais plus celle qui as contribué à mon” grandissement”…
Des moments forts me reviennent parfois, au détour d’une situation :
Tu avais le sens du partage :
Claude et moi qui nous querellions : nous voulions absolument porter une cravate pour aller à l’école.
Oui, pour aller à l’école..
Tu as pris la cravate, ta paire de ciseaux, tu as coupé la cravate en 2 et nous as donné chacun un morceau.
Le sens du partage encore…
Les jours où tu préparais des sandwiches que tu donnais à un SDF qui passait régulièrement devant la maison.
Et que tu abritais parfois.
Tu étais là pour nous…
Faisant mes devoirs d’écolier, attablé sur l’abattant-bureau du meuble à la ste vierge.
A force de tes patients questionnements et relectures je comprenais enfin, grace à toi, ce qui se cachait derrière les mots.
Nous disions en riant que tu étais remontée comme une pendule contre les injustices et les situations ubuesques.
Cela devait venir de tes années au pensionnat, dès l’âge de 6 ans, tu nous as raconté que la vie n’y était pas toujours rose.
Tu as dû par la force des choses forger ton caractère, apprendre à ne rien céder, à lutter.
Cette énergie, cette indépendance d’esprit, nous ont servi et nous ont construit, ainsi que ta légendaire fantaisie et ton éternelle bonne humeur.
Le paradis des couturières vient d’accueillir une formidable maman.

Texte de Christine et Sylvie :
Jeannette
Juste quelques mots d’hommage.
Au delà de la femme dont nous admirions l’énergie, l’ouverture d’esprit, le franc parler,
Au delà de la grand mère qui a accueilli chacun de nos enfants avec chaleur et amour
Nous voulons rendre hommage à notre belle mère.
Si l’on se construit à partir du modèle de sa mère
Nous voulons témoigner que nous avons eu un modèle de belle mère.
Jeannette, une belle mère à la bonne distance
Aucune ingérence, un grand respect de notre vie privée mais toujours disponible…
Merci.
Et si penser aux gens permet de continuer à les faire vivre,
Longtemps, dans nos jardins, grandiront les arbustes,
Fleuriront les fleurs qu’elle nous préparait et offrait.
Merci Jeannette

 

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